Après le moustique transgénique qui vaccine contre le paludisme, le moustique transgénique qui éradique le paludisme. Le palu pourrait-il être combattu à l'échelle génétique ?
En juillet dernier, des chercheurs de l'université d'Arizona sont parvenus à modifier le code génétique d'un moustique porteur du paludisme. Ils remplacent le gène atteint de la maladie par un autre gène non porteur. Les moustiques observés transmettent ce nouveau gène à la génération suivante. Si en laboratoire, l'expérience a fait ses preuves, sa réalisation semble relever de la science-fiction.
Premier bémol : selon les chercheurs, l'espèce génétiquement modifiée n'est pas aussi résistante au milieu extérieur que l'espèce naturelle. Sa survie est donc menacée.
Seconde précision : les entomologistes ont utilisé un moustique répandu en Inde : l'Anopheles stephensi. Or, il existe divers moustiques porteurs du paludisme, dont une espèce très coriace qui sévit en Afrique : l'Anopheles gambiae.
Pour le professeur Pierre Druilhe, directeur du laboratoire de parasitologie biomédicale de l'Institut Pasteur : « Ce laboratoire a réalisé un geste technologique. Mais il est malhonnête de déclarer que cela puisse réduire le paludisme. »
Cette recherche en biologie fondamentale permet de mieux connaître l'importance du gène porteur du virus. Concrètement, remplacer des insectes sauvages par d'autres génétiquement modifiés reste un labeur considérable et difficilement envisageable.
Pour réduire le paludisme avec des moustiques transgéniques, il faudrait avoir la certitude que cette modification génétique soit sans danger pour le milieu naturel et la santé humaine. Des écologistes s'y sont déjà opposés.
Au cas où un tel scénario verrait le jour, Pierre Druilhe espère qu'une commission d'éthique empêchera sa réalisation.
Depuis 2000, les recherches sur la modification du génome se multiplient pour vaincre le paludisme. Cela marque un changement dans la politique de santé : après avoir mené une campagne de prévention et soigné les malades, les recherches tentent de rendre les insectes inoffensifs grâce aux outils technologiques.
Mais Pierre Druilhe déplore : « Depuis que la lutte antipaludique est à l'agenda du G8, de nombreux pays du Nord ont ouvert des financements de recherche à ce domaine. C'est une bonne chose. Mais ces moyens ne sont malheureusement pas mieux utilisés. »
En mars 2010, une équipe japonaise proposait déjà de modifier le code génétique des moustiques. Ils ont introduit une protéine faisant office de vaccin dans la salive de l'insecte. L'expérience a été concluante sur une souris. Elle a développé des anticorps contre le paludisme suite à une piqûre du moustique génétiquement modifié. Reste à savoir comment différencier le moustique qui transmet le paludisme de celui qui vaccine…
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Jeu 5 Aoû - 10:11
