Le Parlement se réunira le 31 janvier en Birmanie pour la première fois depuis 22 ans, a annoncé lundi la radio publique birmane.
Le Parlement, dominé par les partisans de la junte au pouvoir, est issu des élections du 7 novembre dernier jugées injustes par l'opposition et sa figure de proue, la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.
Les 1.154 parlementaires se réuniront le 31 janvier dans de nouveaux bâtiments à Naypyitaw, la capitale, selon l'annonce officielle. La dernière séance parlementaire avait eu lieu en 1988 dans l'ancienne capitale, Rangoun.
La formation soutenue par la junte, le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP), totalise près de 80% des sièges au Parlement bicaméral. De son côté, la Force démocratique nationale (NDF, opposition), formée par d'anciens membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi, ne compte que 12 élus.
La LND a été dissoute en raison de son refus de participer aux élections, les premières en Birmanie depuis 20 ans. L'opposition et les observateurs ont jugé le scrutin injuste et non démocratique.
Les résultats des élections permettront à l'armée, qui dirige le pays depuis 1962, de continuer à exercer un pouvoir décisif. En vertu de la Constitution, le Parlement élit le président et le vice-président.
La Constitution réserve également 25% des sièges du Parlement à des candidats désignés par les militaires. L'USDP et ces candidats nommés représentent 85% des sièges à la chambre basse et 83% à la chambre haute. De quoi permettre à l'armée de faire voter ou de bloquer, via ses alliés au Parlement, toute loi ou amendement constitutionnel.
Les parlementaires devront observer des règles strictes. Selon de nouvelles lois annoncées en novembre, ils pourront s'exprimer librement sauf si leurs déclarations mettent en danger la sécurité nationale ou l'unité du pays. Toute manifestation dans l'enceinte du Parlement est passible de deux ans de prison.
La réunion du Parlement est présentée par la junte comme l'une des dernières étapes de sa "feuille de route vers la démocratie".
Lors des précédentes élections de 1990, Aung San Suu Kyi avait conduit la LND à une éclatante victoire. Mais la junte a ignoré le résultat du vote et privé de liberté la célèbre opposante pendant 15 des 21 dernières années. La lauréate du Prix Nobel de la paix a vu son assignation à résidence levée une semaine après le scrutin de novembre dernier.