La région de Campanie, au Sud de l’Italie, a initié un programme de réinsertion original pour ses anciens détenus : leur offrir un emploi de guide touristique . Car en effet, qui mieux que ces ex-prisonniers connaît les dangers qu’encourent les touristes ?
Leur mission : accompagner les touristes dans les endroits dits dangereux de Naples, les renseigner, et leur faire éviter les dangers de la circulation urbaine, très dense et particulièrement désordonnée dans cette partie de l’Italie.
Ces guides, au nombre de 70 pour l’instant, ont été postés dans divers points de la ville de Naples et sont reconnaissables à leur gilet et casquette jaunes , ainsi qu’à leur carte d’identitification. Ils ont tous un tuteur qui les encadre et ont reçu 60 heures de formation théorique.. L’un des tuteurs du programme, Vincenzo Minopoli, admet :” Nous avons eu des problèmes au début, il a fallu faire en sorte que les guides (du programme) soient un peu moins brusques avec les touristes, mais il sont très motivés pour travailler.” Un intervenant de l’association d’ancien détenus “DON” espère que d’autres détenus seront intégrés dans le programme.“ La région doit leur donner du boulot avant que la Camorra (la mafia locale) ne s’en charge"dit-il.
Le but de cette opération très coûteuse (on parle d’un million d’euros) est en effet d’éviter que ces détenus ne retombent aux mains de la mafia dès leur sortie de prison. Des voix s’élèvent parmi les hôteliers locaux contre cette expérience : « Nous préférons avoir affaire à la police pour assurer le contrôle du territoire » a déclaré le président des hôteliers napolitains. Même la conseillère municipale chargée du tourisme semble réservée : "Il faudra voir comment ces guides seront formés. C'est un service qui demande quoi qu'il en soit de la gentillesse, une connaissance des langues et une bonne capacité relationnelle." Il faut avouer que la réputation de Naples a souffert ces dernières années en ce qui concerne la propreté et la criminalité, et le succès du film Gomorrah à Cannes il y a deux ans n’a pas atténué la mauvaise image de la ville.