Montréal en lumière: amour, délices et ogres

Carole Bouquet, coprésidente d'honneur du volet artistique de Montréal en lumière, a offert une lecture des Lettres à Génica, folies d'amour.


Montréal) Une virée dans la métropole à l'occasion du Festival Montréal en lumière peut aussi bien mener sur les quais du Vieux-Port en compagnie de la D.J. Mistress Barbara qu'au Théâtre Maisonneuve en compagnie de la soprano Marie-Josée Lord. Mais c'est plutôt chez l'actrice française Carole Bouquet que nous avons choisi de passer notre samedi soir au Gésu. Auparavant, nous avons eu le bonheur de faire une escale gastronomique au restaurant L'inconnu, où nous aurions étiré longuement le plaisir de la délectation.



Carole Bouquet, coprésidente d'honneur du volet artistique du 12e Festival Montréal en lumière, où les femmes sont en vedette, présentait pour deux soirs Lettres à Génica, folies d'amour, écrites par Antonin Artaud. C'était la rencontre entre une actrice lumineuse et un écrivain maudit dont la poésie est faite de tourments ravageurs et dont la vie a été marquée par la maladie, la souffrance et l'opium.

Carole Bouquet, tantôt tragique, souriante ou suppliante, tantôt bouleversante ou rageuse, a offert bien plus qu'une simple lecture. Elle possédait son texte par coeur et n'avait que rarement besoin de poser ses yeux sur son livre pour avancer dans l'histoire d'amour entre Artaud et la comédienne roumaine Génica Athanasiou.

Sans se perdre dans les écrits d'Artaud, elle ne s'en est pas non plus trop distanciée. Elle a su rendre l'intensité de l'écrivain, qui ne vivait l'amour que dans l'absolu. Son histoire avec Génica était faite d'élans passionnés, de reproches indignés, de désespoirs déchirants; de tout ce qui fait de l'amour un état difficile et merveilleux à la fois.


Au-delà des réflexions que portait Artaud sur la difficulté d'aimer, c'est la beauté de son écriture, magnifiée par la voix de Carole Bouquet, qui a donné à la soirée sa touche singulière et son élégance suprême.

Papilles comblées

Avant d'entrer dans les folies d'amour, ce sont nos papilles gustatives qui ont eu droit aux meilleurs égards. Cette année, 56 invitées venues des quatre coins du globe donnent au volet gastronomique de Montréal en lumière tout son lustre. Nous avions rendez-vous au restaurant L'inconnu (3807, rue Saint-André), où la nutritionniste Isabelle Huot a relevé avec brio le défi d'allier santé et gastronomie. Avec le chef Jeffrey Stirrup, elle a composé un repas à faible teneur en gras, décliné en cinq services, et accompagné de quelques vins biologiques très intéressants.

Moi qui suis habituellement incapable de manger de poisson cru me suis délectée en entrée d'un céviché de morue noire arrosé de vinaigre de pomme grenade et décoré d'arilles et de savoureuses pousses d'amaranthe. Une très jolie présentation en rouge et vert et un subtil équilibre entre le goût délicat du poisson et celui du vinaigre. Des raviolis aux lentilles du Puy, farcies de saumon bio, ont suivi. C'était très bon, mais le goût du saumon était difficilement perceptible. Ensuite, un râble de lapin a trouvé beaucoup d'éclat accompagné d'une farce aux noix et aux figues et arrosée d'une réduction de balsamique juste assez sucrée. Le plat vedette de la soirée était un médaillon de cerf servi sur un lit de quinoa rouge et une réduction de betteraves. La tendreté de la viande saignante et l'originalité de l'accompagnement nous ont fait rêver d'étirer le repas jusqu'à l'infini! Le dessert, une génoise aux amandes avec gelée d'oranges sanguines et semifreddo au lait de soja était bon, mais ne restera pas autant dans la mémoire de nos papilles que les plats qui ont précédé.

Une promenade le long de la Sainte-Catherine illuminée de bleu a ajouté au charme de la soirée. Le Festival Montréal en lumière se poursuit jusqu'au 27 février.