Avec le Pentax Q, la marque propose un compact à petit capteur, mais doté d’une monture pour optiques interchangeables !
Décidément, l’arrivée des appareils dits « hybrides » (compacts ou bridges caméras à grands capteurs et optiques interchangeables) a perturbé plus d’un ingénieur ! Pentax est le premier fabricants « historique » de reflex à aborder le problème, avec un minuscule compact à objectifs interchangeables : le Pentax Q. C’est d’ailleurs un véritable « compact », puisque son capteur est un modèle rétro éclairé 1/2,3” (6,16 x 4,62 mm) en homothétie 4/3, dont la résolution est de 12 millions de pixels (4000 x 3000 photosites), pour des images en Jpeg ou Raw. La taille des photosites est vraiment minuscule (1,5 µm de côté, soit 0,0015 mm), ce qui risque de limiter les possibilités de montée en sensibilité ISO. Du moins si l’on veut des photos exemptes de bruit électronique. Il n’a donc pas grand chose à voir avec les hybrides à capteur taille APS-C (24 x 16 mm), ou ceux qui entrent dans la catégorie Micro 4/3 (17,3 x 13 mm), qui misent beaucoup sur la taille de capteur pour séduire les passionnés.
Baïonnette : elle brouille la donneProposer un compact doté d’une baïonnette pour optiques interchangeable est un curieux choix, dans le sens où cela n’apporte pas grand chose avec un petit capteur. Les clients de compact cherchent généralement l’ultracompacité, la simplicité, et ne souhaitent pas s’encombrer avec des objectifs complémentaires, aussi petits soient ils. En outre, les zooms téléscopiques des compacts classiques sont performants, et proposent aujourd’hui des plages de focales très variées dans un volume particulièrement réduit.
Ici, Pentax propose en baïonnette « Q-mount » un zoom standard « x 3 » 5-15 mm f/2,8-4,5 correspondant à un 27,5-83 mm, et une focale fixe 8,5 mm f/1,9, qui couvre le champ d’un 47 mm. Autant dire que l’offre est très sage en matière d’objectifs sérieux.
Proposition complémentaire, trois optiques « tout plastique » à ouverture unique, dont deux sont carrément baptisées « toy lens » (objectif jouet) : un fish eye 3,2 mm f/5,6 (champ d’un 17,5 mm), un grand angle « toy lens » 6,3 mm f/7,1 (champ d’un 35 mm), et un téléobjectif « toy lens » 18 mm f/8 (champ d’un 100 mm). Là, on ne comprend plus trop où les ingénieurs veulent en venir, car optique interchangeable est synonyme d’exigences qualitatives élevées, ce qui ne semble pas être le cas de ces trois objectifs, qui ont un aspect très gadget ! Reste à voir à l’usage, car le plastique révèle parfois de bonnes surprises…
Fabrication : du sérieux !En tout cas, Pentax a soigné la fabrication de son boîtier, puisque sa coque est en alliage de magnésium, avec un revêtement « simili cuir » qui ne manque pas de classe. L’appareil existe en finition noire ou blanche au choix, et l’on note la présence d’une griffe porte accessoires donnant accès aux flashs Pentax, ou au viseur optique « O-VF1 » optionnel, dédié au 8,5 mm f/1,9. De fait, pas de viseur optique sur le boîtier, mais un flash intégré (NG 5,6 pour 125 ISO), pratique pour les déboucher les ombres sur un portrait.
Un gros sélecteur de modes rotatif donne accès aux principales configurations sur le capot de l’appareil (Auto, P, Tv, Av, M, scènes - 20 modes -, vidéo, et dosage de flou BC). Il se manipule de l’index droit, alors que le pouce est affecté à la molette de sélection des réglages affichés sur l’écran ACL (7,62 cm de diagonale pour 460000 points). À droite de l’écran, on retrouve le classique trèfle de sélection, avec des raccourcis les réglages importants, comme la sensibilité ISO (125 à 6400 ISO), l’usage du flash, la balance du blanc ou le retardateur. Une touche de correction d’exposition (± 3 IL) est également facilement accessible. L’ensemble a l’air très bien conçu et particulièrement compact.
Notez que la vidéo est accessible via le sélecteur de modes, et qu’elle est au standard full HD 1080 à 30 i/s, avec enregistrement des fichiers en H264 (son mono). La durée de séquence maximale est de 25 min, mais peut évoluer en fonction des conditions de la température ambiante.
Concept: judicieux ou pas ?À l’heure où tout le monde planche sur des compacts à grand capteur, Pentax prend le contre pied de ses collègues avec un modèle à petit capteur, mais optiques interchangeables. L’idée est de faire dans l’ultracompact, et de faire rêver les technophiles avec un bel objet de taille réduite. Cela dit, il faut relativiser, puisque quasiment au même moment, Panasonic lance le Lumix GF3, qui n’est pas beaucoup plus gros, et propose un capteur Micro 4/3. Et là, on ne courre plus dans la même catégorie en matière de résultats dans les hautes sensibilités !
A priori, le Pentax Q ne serait qu’une première étape de la stratégie de la marque dans le domaine des hybrides. Si tel est le cas, Pentax a raison de prendre pied en marquant son territoire de manière forte, avec un boîtier certes surprenant, mais qui semble très réussi. Pour le moment, nous passerons sur ses drôles d’objectifs gadgets, quoique le modèle fish eye puisse s’avérer très ludique, surtout s’il n’est pas cher. On devra donc attendre pour savoir de quoi il retournera quand l’offre sera mise en perspective par d’autres modèles, mais en tout cas, le Pentax Q a au moins le mérite d’interpeler. Espérons que Pentax l’aura pourvu de tout ce qu’il faut pour produire de belles photos, car nous assistons une fois de plus à la naissance d’un nouveau sous-segment de marché.
Dimensions (L x h x p) : 98 x 57,5 x 31 mm. Poids : 180 g (nu).
Prix : 699 euros (avec 8,5 mm f/1,9).