Près de 200 ans après les canons, les bulldozers sont entrés en action mercredi dernier à Waterloo pour redonner son lustre au site de la célèbre bataille, dont le succès touristique ne se dément pas. "Nous voulons redonner toute son authenticité à Waterloo, qui est l'un des champs de bataille les mieux préservés dans le monde", a déclaré Paul Furlan, le ministre du Tourisme de la Wallonie, en inaugurant le chantier.
L'ambitieux projet vise à faire disparaître parkings, restaurants et boutiques qui enlaidissent les alentours de la célèbre butte du Lion, symbole de la victoire des alliés anglais et prussiens sur les Français. Les visiteurs pourront ainsi découvrir "la morne plaine" décrite par Victor Hugo quasiment telle qu'elle était ce 18 juin 1815 où s'évanouirent les derniers rêves de Napoléon.
Dans la réalité, le site, à une trentaine de kilomètres au sud de Bruxelles, est une succession de vallons et de petites crêtes aujourd'hui presque entièrement cultivés. "Les agriculteurs ont été ses meilleurs protecteurs", souligne Yves Van der Cruysen, directeur de l'Association "Waterloo champs de bataille".
Chaque année, quelque 300.000 personnes, dont près de 70% d'étrangers, montent sur la butte, qui culmine à 40 mètres, et visitent les petits musées.Certains d'entre eux, notamment les plus exigeants, en sortent frustrés. "Le site est actuellement réduit à sa plus simple expression: les structures ont vieilli et ne sont plus adaptées au tourisme moderne", reconnaît Paul Furlan.
En gestation depuis une décennie, le vaste plan de réhabilitation ambitionne de permettre aux visiteurs de "s'immerger au coeur de la bataille" et de revivre les charges héroïques des cavaliers français du maréchal Ney se brisant contre les troupes alliées du Duc de Wellington et les Prussiens de Blücher. Cette "défaite glorieuse" de Napoléon sera recréée dans un Mémorial de 6.000 m2 qui sera entièrement enterré et proposera une scénographie réalisée, en 4D, par le metteur en scène italien Franco Dragone. "Il s'agit de répondre à la demande d'émotion des visiteurs, mais aussi aux exigences d'un public plus averti et friand de tourisme mémoriel", précise Serge Kubla, le maire de Waterloo.
D'un budget total de 40 millions d'euros, le plan de réhabilitation vise à porter à 500.000 le nombre annuel de visiteurs. Parmi eux, les Français sont les étrangers les plus nombreux, suivis par les Allemands et les Chinois, devant les Britanniques ou les Russes. "Pour les Chinois, Waterloo est la plus grande bataille d'Europe. Ils sont souvent fascinés par l'épopée napoléonienne", explique Yves Van der Cruysen.
La priorité est de terminer les travaux en moins de trois ans, afin d'être prêts pour célébrer le bicentenaire, en juin 2015, qui devrait décupler l'intérêt pour Waterloo. Les places seront alors chères pour assister à la reconstitution de la bataille par plusieurs milliers de passionnés portant chapeau poilu de la garde impériale ou shako conique de l'infanterie. Après avoir bivouaqué au pied de la butte du Lion, ils s'élanceront sabre au clair pour revivre une bataille qui s'était terminée en charnier, avec plus de 12.000 soldats tués.
Depuis ce jour funeste pour les Français, mais glorieux pour les Anglo-saxons, la petite ville belge a donné son nom à 126 municipalités, dont 35 aux Etats-Unis, à des gares, des monuments, des lacs ou des sommets, comme "Waterloo Mountain" en Australie.
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Lun 14 Mai - 8:38
