Le gouvernement colombien et la rébellion marxiste des Farc ont décidé la mise en place d'une "table de dialogue", après les premiers pourparlers de paix, en 10 ans, tenus ce jeudi en Norvège.
Les émissaires du gouvernement colombien et de la rébellion marxiste des Farc ont formellement lancé ce jeudi à Hurdal, au nord d'Oslo, le processus de paix, le premier depuis 10 ans. Il vise à mettre fin à un conflit qui a fait des centaines de milliers de morts en près d'un demi-siècle.
Les deux camps ont annoncé "l'installation d'une table" de dialogue visant à instaurer "une paix stable et durable". Les chefs des délégations, Humberto De la Calle pour Bogota et Ivan Marquez pour les rebelles, se sont retrouvés, évitant toutefois de se serrer la main.
Les représentants des autorités tiendront ensuite, avec les Farc, une conférence de presse ce jeudi dans un hôtel de Hurdal, une petite localité au nord d'Oslo.
La Norvège et Cuba, où les négociations ont prévu de se déplacer, sont les deux pays garants du processus de paix dans un conflit qui a fait des centaines de milliers de morts. Par souci d'efficacité et de sécurité, les pourparlers sont entourés d'une extrême discrétion. Avant de partir pour Oslo, le chef de la délégation du gouvernement, l'ancien vice-président Humberto De la Calle avait fait état d'un "optimisme modéré".
L'étape norvégienne devrait être essentiellement technique et symbolique. C'est à La Havane que les deux camps devraient entrer dans le vif du sujet.
Pas de cessez-le-feu sans accord de paix préalableDepuis son élection en 2010, le président colombien Juan Manuel Santos a préparé le terrain d'un accord, avec une loi de restitution des terres spoliées, point crucial pour la guérilla. Les négociations vont également aborder l'implication des groupes armés dans le trafic de drogue, dossier explosif pour le premier pays producteur de cocaïne au monde.
Les autorités devront en outre régler la question controversée du droit à la représentation politique et la possibilité de réductions de peine pour les guérilleros repentis. Contrairement à la précédente tentative de dialogue qui avait avorté en 2002, le président Santos a rejeté l'éventualité d'un cessez-le-feu avant qu'un accord de paix soit trouvé.
Fondées en 1964 lors d'une insurrection paysanne, les Forces armées révolutionnaires (Farc), la plus importante rébellion de Colombie, sont aujourd'hui militairement affaiblies après la mort de plusieurs dirigeants. Leurs effectifs ont été divisés de moitié en 10 ans, à environ 9 000 combattants, selon les autorités, repliés dans les régions rurales après une série de revers militaires.