Cinque terre: l'Italie, à flanc de mer

Quand l'automne ici s'installe, avec le gel et le froid, voilà une belle occasion de prolonger l'été. Notre tournée passe par le nord du pays, la Ligurie, et culmine dans les Cinque Terre, cinq petits villages accrochés depuis des siècles à la montagne entre ciel et Méditerranée. Chacun a ses attraits. Les paysages sont grandioses.

Le site est d'ailleurs classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. C'est aussi un parc national doté d'une aire marine protégée.

Mais un endroit d'une telle richesse se mérite. On ne s'y présente pas en gros sabots, c'est-à-dire en auto. Les espadrilles, c'est mieux, surtout si on veut se promener dans les sentiers qui jalonnent le territoire, seul lien accessible entre les villageois jusqu'au XXe siècle.

Soyez rassurés, un train les réunit maintenant. En partant de Levanto (qui dispose de campings) ou La Spezia, situés à une dizaine de kilomètres de part et d'autre des Cinque Terre, on peut donc y accéder et arrêter à son gré pour visiter pedibus cum jambis.

Nous avons choisi La Spezia, bien contents de laisser la voiture à l'hôtel My One, juché sur les hauteurs. Un ascenseur, heureusement, donne accès au centre-ville en bas et à la via del Prione, rue piétonne où tous se donnent rendez-vous en fin d'après-midi.

Halte bénéfique avant de découvrir Monterosso, la plus lointaine et plus grande des Cinque Terre. La seule aussi à posséder une plage de sable accessible.

Beauté sauvage

Le temps d'une promenade sur le rocher jusqu'à un ancien blokhaus, suivie d'un brin de jasette avec un couple de Pontbriand, et nous sommes plongés tant dans l'histoire (les guerres) que le feu de l'action.

Arrivés la veille, nos voyageurs ont assisté presque en direct à l'éboulis qui a blessé quatre Australiennes, dont l'une qu'il a fallu secourir par hélicoptère.

C'est la raison pour laquelle la plupart des sentiers étaient interdits aux marcheurs, dont la romantique Via dell'Amore, où l'accident s'est produit.

Un saut en train. Vernazza se révèle dans toute sa beauté. Près de l'eau, des barques aux couleurs vives attendent le départ pour la pêche. Des peintres en profitent pour les fixer sur la toile.

Après une pizza avec anchois dégustée sur la terrasse d'un café, on se sent d'attaque pour grimper au château, une imposante forteresse qui surplombe la mer. Dans les escaliers qui y conduisent, agréable surprise, nous croisons une lectrice du Soleil, Lucie Moisan. Enthousiasme partagé.

La Méditerranée est agitée. Elle nous éclabousse de ses gerbes mousseuses. De quoi faire oublier les images tranquilles qui la présentent comme un immense tapis bleu.

Parfaite lumière

C'est l'occasion de se rappeler les inondations dévastatrices du 25 octobre 2011. Des photos exposées au regard des visiteurs ne laissent pas de doute sur l'étendue des dommages.

Le village suivant, Corniglia, fut épargné. Il est perché au sommet d'un escalier qui compte 365 marches.

L'ingéniosité des viticulteurs s'y manifeste. La culture en terrasses dans la montagne remonte à l'époque médiévale. Des murets de pierre retiennent la terre où pousse la vigne, mais aussi les oliviers et les citronniers.

Encore le train. Et nous débarquons à Manarola, dont le coeur se situe au bout d'un tunnel. Arrêt pour une gelato (partout délicieuse), puis nous repartons par les côtes et les escaliers jusqu'à un sentier qui offre une vue spectaculaire des maisons perchées sur une paroi rocheuse. Dans le jour déclinant, les teintes qui marient jaune, ocre, brun clair, s'adoucissent. La lumière est parfaite.

Riomaggiore, le dernier des cinq villages, ce sera pour le lendemain, au départ de La Spezia. Nous y allons en auto par les routes en lacets. Nous regardons de haut le décor, pour ne pas avoir à chercher un des rares stationnements. La chance nous sourit. On fait une pause pour graver une dernière fois la splendeur des Cinque Terre.

Transport ajusté

Si le train et la marche s'avèrent les meilleurs moyens de circulation à l'intérieur des Cinque Terre, il en va autrement pour s'y rendre.

En ce cas, vive la voiture et l'autoroute qui, d'un tunnel à l'autre, nous conduit à destination. Entre Nice et La Spezia, on a roulé trois heures. Au retour, par contre, on a pris plaisir à s'attarder dans les chemins de campagne.

Par hasard, dans un bled qui a pour nom Carronado, on entre dans une trattoria baptisée La Quiete. Pâtes al dente. Excellent café. On mange bien partout en Italie. De là, on retourne à la mer pour découvrir Santa Margherita, la voisine de Portofino, refuge de milliardaires et d'un certain Silvio Berlusconi. Des bateaux font la navette, mais la Méditerranée s'y refusait quand nous sommes passés.

Ce qui nous a permis de mieux connaître et apprécier Santa Margherita, son port, sa plage de sable, sa jolie promenade au bord de l'eau, où se côtoient boutiques, cafés et restaurants. Nous avons opté pour la pizzeria Da Alfredo. La dorade grillée et la sole al verde, excellentes. Notre hôtel, La Vela, situé en haut d'une côte, avait beaucoup de charme.

Le centre-ville a sa rue piétonne. Les maisons sont décorées de fresques en trompe-l'oeil. Il y a partout des fleurs. Des étalages de fruits. Il fait bon vivre ici et dans toute la Ligurie, cette région au nord de l'Italie.