Comment identifier les compagnies aériennes fiables ?

Alors que Bruxelles vient de publier une mise à jour de sa liste noire, les experts mondiaux de l'aéronautique se penchent cette semaine à Montréal sur les moyens donnés aux passagers de mieux identifier les compagnies aériennes fiables et celles qui ne le sont pas. Les directeurs de l'aviation civile des 190 États membres de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) écartent, pour l'instant, la possibilité de créer une liste noire mondiale. L'OACI, émanation de l'ONU, réunit, en effet, des nations et n'a pas vocation à surveiller directement les transporteurs. Toutefois, un accord important a été signé mardi à Montréal pour créer un échange mondial d'informations sur la sécurité aérienne entre l'OACI, la Commission européenne, l'Association internationale du transport aérien (IATA) et l'Administration fédérale de l'aviation américaine (FAA). Ainsi les bases des données des audits de sécurité des quatre entités, élément clé du projet, vont être mises en commun. Chacune de ces organisations a, en effet, créé une ou plusieurs normes pour les audits de sécurité (IOSA, IASA, SAFA, OACI...) - souvent complémentaires - des compagnies aériennes.

L'étape suivante, permettant de donner une information claire au consommateur, consisterait à désigner un organisme indépendant qui, à partir de ces données de sécurité, effectuerait une synthèse, classerait les transporteurs et attribuerait des étoiles. Cette formule, moins contraignante que les listes noires, peut alors prendre en compte les difficultés de déplacement dans certaines régions. Dans des pays en guerre ou en rébellion, à certaines saisons dans d'autres, circuler en voiture, quand les routes le permettent, reste un déplacement beaucoup plus risqué qu'à bord d'un avion d'une compagnie même exotique. L'exemple type est celui de l'Égypte où, face au risque terroriste, les liaisons entre Le Caire et les régions touristiques du Nil ou de la mer Rouge sont infiniment plus sûres en avion que par la route ou le train.

L'OACI compte parmi ses membres des pays pour lesquels la sécurité du transport aérien n'est pas la préoccupation majeure. Cette situation, liée à la corruption, évolue toutefois puisqu'il est même évoqué à Montréal la possibilité d'avoir recours à l'arme fatale : la radiation administrative grâce un article de la convention de Chicago. Ce texte qui définit l'organisation du transport aérien mondial, autorise l'OACI à refuser un code à une compagnie. Ce code - AF pour Air France, LH pour Lufthansa, BA pour British Airways - est indispensable pour l'identifier sur les horaires mais aussi pour déposer un plan de vol. Les compagnies des pays qui délivrent des licences de transporteur sans contrôle ou dans de mauvaises conditions seraient ainsi privées de code.

En prenant ces mesures, l'OACI vise l'objectif ambitieux de réduire de 45 % sur 6 ans le taux d'accidents d'avion dans le monde, malgré une hausse prévue de 10 % par an du trafic aérien dans les prochaines années. Cela correspond à environ deux accidents par million de vols. Le nombre d'accidents aériens mortels dans le monde a chuté de près de moitié depuis dix ans, passant de 26 en 2000 à 14 en 2009, tandis que le nombre de victimes diminuait à 654, contre 955 auparavant.

Source : LePoint.fr