C'est un discours sans précédent depuis que le dirigeant communiste s'est retiré de la présidence cubaine pour raisons de santé.
Les signes de son retour se multipliaient: rencontres médiatisées, publication de mémoires, réapparition de la chemise kaki et disparition de la tenue de sport... Cette fois, Fidel Castro a pris la parole devant le Parlement cubain, ce samedi, pour la première fois depuis qu'il a cédé le pouvoir à son frère Raul, il y a 4 ans.
Le dirigeant communiste cubain a été accueilli par des applaudissements nourris et des "viva !" de la part des députés, des membres du gouvernement et de son frère et successeur Raul, 79 ans, selon des images transmises en direct par la télévision cubaine.
Connu pour ses discours-fleuve du temps de sa présidence, Fidel Castro a cependant été asez court. Il a lu, debout à la tribune, un "message à l'Assemblée nationale" d'une dizaine de minutes pour évoquer le danger que le bras de fer entre les Etats-Unis, Israël et l'Iran débouche sur une guerre nucléaire dévastatrice.
"Etant donné que l'Iran ne cédera pas d'un pouce aux exigences des Etats-Unis et d'Israël" sur son programme nucléaire, le président Obama, "un descendant d'africain et de blanc, de mahométan et de chrétien", devra décider "seul" de lancer ou non une attaque contre Téhéran, estime Fidel Castro qui prévoit dans ce cas une violente riposte de la part des Iraniens.
"Sûrement, en raison de ses multiples occupations, il ne s'en est pas rendu compte encore (...) mais nous sommes ici pour cela (...) c'est notre contribution aux efforts de dissuasion", a-t-il déclaré sans jamais évoquer la situation à Cuba. "La guerre, ce n'est pas un moyen de soutenir l'empire, mais Obama n'est pas (Richard) Nixon qui était un cynique ou (Ronald) Reagan, un ignorant total", a dit Castro, qui a défié sur son île onze présidents américains.
Des députés ont fait part de leur "joie immense" de revoir à la tribune le "camarade" Fidel qui s'exprimait en direct à la télévision pour la première fois depuis la grave maladie qui l'a contraint de céder la présidence le 31 juillet 2006.
Depuis son retour très médiatisé sur la scène publique, le père de la Révolution cubaine, qui reste Premier secrétaire du Parti communiste n'a jamais parlé de la situation à Cuba, sous la gouverne de son frère. Et préféré évoquer les dangers d'une guerre.
"C'est complètement surréaliste de voir réapparaître Fidel Castro pour nous parler de la crise iranienne et non pas de celle à Cuba", a déclaré un jeune artiste cubain refusant d'être identifié. Le député Eduardo Borges s'est lui déclaré "très fier" de ce retour de Fidel Castro "alors que le monde se débat entre la guerre et la paix".
Cuba est sous embargo américain depuis 48 ans et n'a pas, comme l'Iran, de relations diplomatiques formelles avec les Etats-Unis. Cuba et l'Iran figurent par ailleurs, avec le Soudan et la Syrie, sur la "liste noire" américaine des pays soutenant le terrorisme, ce que ces derniers contestent.