Le 16 août 2005, 160 personnes ont péri dans un crash aérien au Venezuela. Le rapport d'enquête vénézuélien a été publié ce lundi. Hierso Daniel, membre de l'Association des victimes de la catastrophe aérienne, explique pourquoi le feuilleton n'est pas terminé.
Cinq ans après le crash aérien de Maracaibo au Venezuela, un rapport du "BEA vénézuélien" confirme l'erreur de pilotage. Est-il différent du rapport français ?
Nous n'avons jamais contesté la responsabilité des pilotes dans le crash de l'avion. C'est un des facteurs contributifs au drame.
Mais le juge d'instruction français s'est toujours obstiné à ne relever qu'une succession de défaillances humaines commises par les pilotes... Le rapport vénézuélien va plus loin et c'est en ça qu'il peut relancer l'enquête en France.
Quelles sont les conclusions des experts de la commission d'enquête vénézuélienne ? Elles mettent en avant d'autres points noirs, jusqu'ici ignorés par l'enquête française. La santé financière de la compagnie West Carabbean, est notamment pointée du doigt, ainsi que le manque de formation du personnel au décrochage en haute altitude et la non-préparation du vol (pas de plan de vol, ni de carte météo...).
Dans leur rapport, les experts font également une recommandation au constructeur américain Boeing et lui demandent de réévaluer le "calage des alarmes sonores de décrochage de l'appareil"...
C'est le point essentiel du rapport. Par cette recommandation, la commission d'enquête vénézuélienne souligne un défaut dans la conception de l'appareil qui s'est écrasé. Et ouvre un nouveau volet du dossier. Mal calée, l'alarme de décrochage s'est déclenchée, le 16 août 2005, trente secondes après le décrochage effectif de l'appareil.
Ajoutez à cela les trente secondes de réaction nécessaire à l'équipage, et vous obtenez un accident mortel... La réévaluation de ces alarmes impliquerait un déclenchement en amont ainsi qu'un signal sonore et visuel pour que les pilotes puissent réagir de manière appropriée.
Cette nécessité de réévaluation des alarmes est la preuve que l'erreur humaine découle elle-même d'une erreur technique... La prochaine échéance judiciaire est le 9 novembre, date à laquelle la chambre de l'instruction devra décider si oui ou non l'enquête doit être poursuivie.