Sept Libyens ont péri jeudi dans des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants anti-régime à Benghazi. Au Yémen, des heurts ont éclaté à Sanaa et Aden, où trois personnes sont mortes.
Théâtre jeudi d'une nouvelle vague de manifestations inspirées par les révolutions égyptienne et tunisienne, le Moyen-Orient a connu une journée de répression brutale.
En Libye, sept personnes ont été tuées jeudi dans des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants anti-régime à Benghazi, deuxième plus grande ville du pays. En tout depuis le début de la contestation, neuf personnes ont perdu la vie. Des défilés violents ont également eu lieu à Zenten, 145 km au sud-ouest de Tripoli. Plusieurs personnes ont été arrêtées et des postes de police et un bâtiment public incendiés.
Pour contrebalancer cette «journée de la colère» contre Kadhafi,à la tête du pays depuis 42 ans, les partisans du chef de l'Etat, se sont rassemblés jeudi soir sur la Place verte à Tripoli où les appels à la révolte n'ont pas été suivis. «Kadhafi, le père de tout le peuple», «la foule soutient la révolution et le leader», proclamaient leurs pancartes. Peu après minuit, le colonel Kadhafi a fait une brève apparition et s'est offert un bain de foule. Des centaines de manifestants pro-régime ont défilé aussi à Benghazi, Syrte, Sebha et Toborouk, selon des images de la télévision d'Etat diffusées en boucle.
Au Yémen, un allié clé de Washington dans sa lutte contre al-Qaida, une manifestation a réuni 6.000 personnes à Sanaa, la capitale. C'est le septième jour de révolte contre le président Ali Abdallah Saleh. Les protestataires ont repoussé des assauts de la police et de partisans du gouvernement armés de bâtons et de poignards. Une dizaine de manifestants et plusieurs policiers ont été blessés. Une cinquantaine d'interpellations ont eu lieu. Des affrontements ont été signalés dans d'autres villes du pays, notamment à Aden, où trois personnes ont été tuées.
Cherchant à maintenir la pression, les anti-régime ont appelé à la tenue vendredi d'un autre «jour de colère». Le président Saleh a réuni les plus hauts gradés de l'armée mercredi soir pour discuter des troubles. Le chef de l'Etat yéménite, au pouvoir depuis 32 ans, a tenté sans succès de désamorcer la contestation en promettant de ne pas briguer pas un nouveau mandat en 2013 et de ne pas se faire succéder par son fils.
Dans la région du Golfe, à Bahreïn, l'armée s'est déployée en force dans la capitale Manama pour rétablir l'ordre après la répression jeudi matin par la police d'une manifestation anti-régime qui a coûté la vie à trois manifestants et suscité la colère de l'opposition. C'est la première fois dans une monarchie arabe du Golfe que se déroule une manifestation de cette ampleur pour réclamer des réformes politiques. Au total, cinq manifestants ont péri depuis le début de la contestation lundi. Les revendications réformistes ont trouvé un fort élan dans le pays, où la majorité chiite s'estime discriminée par le gouvernement sunnite.
Profondément inquiets et craignant une contagion, les alliés régionaux du Bahreïn ont apporté leur «soutien total» aux autorités. Le royaume est le siège du QG de la Ve flotte américaine chargée de soutenir notamment les opérations en Afghanistan et de contrer une éventuelle menace iranienne.
En Irak, le mouvement de contestation sociale lancé le 3 février s'est étendu au Kurdistan autonome où deux personnes ont été tuées et 47 blessées par balles à Souleimaniyeh. Près de 3.000 manifestants, en majorité des jeunes, ont accusé de «corruption» les deux partis traditionnels kurdes. Ils ont tenté de prendre d'assaut le siège d'un parti, mais des gardes ont tiré en l'air. La veille, au sud de Bagdad, un manifestant a été tué et 27 blessés lors de violentes protestations.