Le quartier de Mitte poursuit son inexorable mutation : out les squats, in les magasins branchés. Dernière folie : la visite de collections privées. Circuit en cinq temps.
1.
Sammlung BorosPour loger sa collection, le publicitaire Christian Boros a fait simple : il a acheté le Reichsbunker, énorme cube de béton gris, construit pour abriter des milliers de civils lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. L’intérêt du lieu, outre son pedigree, vient de la démarche de Boros, qui a acquis, bien avant tout le monde, des œuvres d’artistes devenus stars du marché (Wolfgang Tillmans, Damien Hirst) mais ne s’est jamais limité à une seule pièce.
La première exposition, visible jusqu’en septembre, est l’occasion de découvrir de larges pans du travail d’Olafur Eliasson et d’Anselm Reyle (en partant, plisser les yeux pour apercevoir le loft de Boros, sur le toit).
10 €, visites le week-end sur rendez-vous.
Réserver sur sammlung-boros.de
2.
KantinePour continuer sur le mode semi-privé, déjeuner dans la jolie cantine de l’architecte David Chipperfield, cachée au fond d’une cour au pied de son agence. Cadre minimal (bois brut, murs blancs) et cuisine robuste (chorizo et lentilles, apfelstrudel). En profiter rapidement, Kantine ferme fin mars pour faire place à un chantier.
Plats entre 13 et 19 €.
kantine-berlinmitte.blogspot.com
3.
Sammlung HoffmannIci, on commence par enfiler des chaussons de feutre gris par-dessus ses chaussures. Dans l’appartement d’Erika Hoffmann, lumineux loft de 1 300 m2 taillé dans une ancienne fabrique de machines à coudre, tout est fait pour que l’on se sente invité. «Il fallait éviter l’effet musée», explique l’intéressée, qui passe une tête lors des visites. Son mari Rolf (mort en 2001) et elle furent les premiers à rendre publique une collection destinée à la seule jouissance privée. Allemands du Groupe ZERO (Heinz Mack, Otto Piene), Américains minimalistes (Bruce Nauman, Dan Flavin), artistes chinois (Fang Lijun) et polonais (Katarzyna Kozyra), l’ensemble est personnel, intelligent et de très grande qualité.
8 €, réserver au +49 30 28 49 91 20,
visites le samedi.
4.
Me Collectors RoomTout près du Kunst-Werke Berlin, passage obligé du Berlin arty, on trouve la singulière me Collectors Room, ouverte l’an dernier par Thomas Olbricht, endocrinologue et héritier des cosmétiques Wella. Dans le grand bâtiment qu’il a fait construire, Olbricht a marié les contraires, à savoir son cabinet de curiosités, rempli de vanités du XVIe et XVIIe siècles (crânes sculptés en ivoire, modèle réduit de femme enceinte), et ses très nombreuses œuvres contemporaines, qui tournent selon les expositions (John Currin, Gerhard Richter, Cindy Sherman).
6 €, ouvert du mardi au dimanche,
www.me-berlin.com
5.
Sammlung Haubrok / Sammlung SchürmannDans cet immeuble, un peu excentré, Axel et Barbara Haubrok regroupent des artistes contemporains plutôt conceptuels (Martin Boyce, Simon Starling). Le couple refait fréquemment l’accrochage ; jusqu’au 2 avril, Shapes présente des œuvres de couleur noire. En mai, Wilhelm Schürmann et sa femme Gaby investiront un autre étage, afin de montrer leur collection. Sur rendez-vous, par petits groupes de douze, «afin de faciliter le dialogue et la concentration».
Ouvert le samedi de 12h à 18h, entrée libre.