Rendez-vous prisé du calendrier de Hong Kong, le festival French May, qui programme chaque année musique classique ou moderne, danse contemporaine ou photographie, s'accompagne depuis trois ans d'un volet gastronomique, consacrant la cuisine française comme atout culturel.
Asperges vertes du Luberon, épeautre du pays de Sault en risotto, saint-pierre de Méditerranée et tarte au citron de Menton, aux fraises et violettes, le tout arrosé d'une côte de Provence Domaine d'Ott et d'un Gigondas Domaine Les Pallières: le menu «French GourMay» du Whisk, restaurant de l'hôtel Mira, ne propose que des produits de Provence-Alpes-Côte d'Azur, région hôte de cette 3e édition, après les Côtes du Rhône en 2009 et le Languedoc l'an passé.
Pendant un mois, une vingtaine de restaurants gastronomiques, dont de nombreux étoilés, offrent ce menu spécial, dans le cadre du festival organisé par le consulat de France et Ubifrance.
«Nous avons toute latitude dans le choix des produits et du menu», explique William Girard, le jeune chef du Whisk.
«Je m'inspire de recettes que je tiens notamment de mon expérience avec Alain Solivérès, chez Taillevent (2 étoiles Michelin). Par exemple, je sers du blé épeautre, quasiment organique, qui vient de chez Madame Liardet, productrice dans un petit village à côté de Carpentras et que je cuisine comme un risotto», explique ce Bayonnais de 35 ans, au curriculum vitae long comme un menu dégustation.
Pour Arnaud Barthélémy, le consul de France à Hong Kong et Macao, où les grands chefs français Pierre Gagnaire, Alain Ducasse ou Joël Robuchon possèdent des établissements, «l'idée est de faire découvrir au public hongkongais la diversité de la culture française» alors que «le repas gastronomique français a été classé par l'Unesco au patrimoine de l'Humanité».
«Nous étions sûrs que cette vision de la gastronomie comme élément culturel trouverait écho ici, étant donné la longue tradition et le goût des Hongkongais pour la bonne nourriture», a-t-il souligné lors de la soirée de lancement.
L'opération ne se limite pas aux restaurants. La grande distribution et des magasins spécialisés proposent une sélection de produits régionaux et des ateliers de cuisine ou de dégustation de vin sont organisés.
Une délégation de 11 viticulteurs, dont la moitié n'ont jamais exporté en Chine, et un fabricant de chocolat, Joël Durand, de Saint-Rémy-de-Provence, déjà distribué au Japon, ont également fait le déplacement à Hong Kong et Shenzhen, la métropole économique chinoise voisine.
«L'objectif pour eux est de trouver de nouvelles opportunités de distribution et des partenaires commerciaux», explique Matthieu Lefort, directeur du bureau de Hong Kong d'Ubifrance, organisme chargé d'accompagner les entreprises françaises à l'export.?Une dégustation de vins et produits a rassemblé une centaine d'importateurs, distributeurs et acheteurs à Hong Kong et une soixantaine à Shenzhen.
«Sur les trois premières éditions du GourMay, qui est aussi une opération commerciale, nous nous sommes focalisés sur des régions peu ou pas présentes en Chine avec des résultats encourageants», explique M. Lefort.
Ainsi, sur les 289 millions d'euros de vin français exportés vers Hong Kong en 2010, les Côtes du Rhône, même en doublant leur part par rapport à 2009, ne représentaient que 3 millions d'euros (contre 1,6 million EUR en 2009), le Languedoc 2,4 millions EUR (1 M en 2009) et la Provence 155 000 euros.
Pour marquer le 20e anniversaire du French May en 2012, qui coïncidera aussi avec la 5e édition de Vinexpo Asie à Hong Kong, le GourMay dérogera cependant à la règle et mettra cette fois en vedette «l'une des premières régions françaises exportatrices de vins», explique M. Lefort, sans pouvoir encore officiellement la nommer.