Outre l'exploit du commandant Robert Piché qui a réussi à y poser son avion, on connaît peu de choses des Açores. Cet archipel portugais demeure une destination exotique, à l'abri du tourisme de masse. Il mérite pourtant d'être découvert.
Situées dans l'océan Atlantique, à quelque 1300 km de Lisbonne, les Açores comprennent neuf îles d'origine volcanique. La plus grande, Sao Miguel, est aussi la plus développée. C'est là qu'on trouve l'aéroport international, le nouveau port et la capitale administrative Ponta Delgada.
Qu'on arrive en bateau ou par avion, la première impression en est une d'étonnement. Ponta Delgada ne ressemble à aucune autre ville. Les maisons blanches ou pastel sont découpées de lignes foncées. Elles sont entourées d'une végétation méditerranéenne sur fond de paysage rugueux. L'air est pur et c'est l'un des meilleurs endroits au monde pour observer les baleines et plusieurs oiseaux rares.
Les 21 000 habitants de Ponta Delgada sont regroupés autour de la baie, au sud de l'île. Les rues étroites débouchent sur de charmantes places où les enfants jouent pendant que les vieux prennent l'air sur les bancs publics. Tout est d'une propreté impeccable et les balcons en fer des immeubles d'habitation sont abondamment fleuris.
L'architecture des Açores est essentiellement d'inspiration portugaise et religieuse. De beaux manoirs témoignent de la prospérité des insulaires, qui ont fait fortune avec l'exportation des oranges aux XVIIIe et XIXe siècles. Ils ont aussi aménagé de magnifiques jardins privés en important plusieurs plantes provenant aussi bien d'Amérique du Sud que d'Asie, dont plusieurs du Japon. Le sol volcanique et la température annuelle variant de 11 à 27 °C permettent d'y cultiver plusieurs variétés d'arbres et de plantes, qui y poussent incroyablement vite. Le jardin José Do Canto et le jardin botanique comptent entre autres une forêt de bambou et des arbres à caoutchouc.
L'architecture religieuse est impressionnante. Quantité d'églises et de couvents sont ouverts aux visiteurs. Leurs intérieurs abondamment sculptés et leurs murs de céramique les rendent uniques. Les trois églises les plus visitées sont San Sebastian, San Pedro (construite aux XVIIe et XVIIIe siècles et qui surplombe le port) et San Jose, qui appartenait autrefois à un monastère franciscain. Ces lieux de culte sont encore très fréquentés, car environ 98% de la population des Açores est catholique. Et les insulaires mettent à contribution tous les saints pour se protéger des deux fléaux les plus redoutés: les tremblements de terre et les éruptions volcaniques. Leur ferveur s'étend aux boutiques de souvenirs où la presque totalité des objets en vente ont une connotation religieuse.
Sao MiguelSao Miguel, appelée l'île verte, est très attrayante avec ses formations volcaniques, sa végétation luxuriante et ses deux lacs (l'un bleu, l'autre vert). C'est aussi le siège du gouvernement régional, qui prend toutes les décisions concernant le développement économique de l'archipel, et du principal campus de l'Université des Açores.
Moins populeuses, les autres îles ne sont pas isolées pour autant. En plus des bateaux qui les relient, chacune bénéficie d'une liaison aérienne quotidienne. Elles se répartissent trois campus universitaires et une grande école d'océanographie. Au total, environ 240 000 personnes vivent aux Açores. Leurs principales sources de revenus sont l'exportation de produits laitiers ainsi que la culture et l'exportation de thé et d'ananas à travers toute l'Europe.
Même si les Açores ont servi d'escale de ravitaillement entre l'Europe et l'Amérique à partir du XVe siècle, elles ne sont véritablement entrées dans l'ère moderne qu'en 1976, lorsqu'elles ont obtenu leur autonomie du Portugal. Dans la foulée, les premiers touristes sont arrivés il y a moins de 30 ans et le nouveau port, inauguré il y a trois ans, permet maintenant d'accueillir les paquebots qui effectuent des croisières transatlantiques au printemps et à l'automne. «On ne se sent plus insulaires», confie notre guide.
Les traditions sont toutefois bien vivantes et les fêtes se succèdent sans arrêt. Musiques, danses et sompteux banquets rassemblent les sympathiques Açoriens qui savent prendre le temps de vivre.