Sept milliards et moi et moi et moi...

Le sept-milliardième être humain a peu de chance de naître dans le bois de Boulogne à la fin du mois (date officielle retenue par l'Unesco). C'est pourtant là, dans les locaux du photographe écologiste que se prépare le berceau du futur nouveau né. Table de montage, enregistrement, mailings, relances téléphoniques... Une armée invisible s'active pour préparer le cadeau de bienvenue du nourrisson: un surprenant tour d'horizon de la planète qui va l'accueillir.

Depuis 2003, Yann Arthus Bertrand travaille en collaboration avec Sibylle d'Orgeval et Baptiste Rougzet-Lucher au projet "6 milliards d'autres" rebaptisé récemment "7 milliards d'autres". Un concept simple mais titanesque: filmer des milliers d'hommes et femmes pour les écouter raconter leur vie, leurs envies, leurs bonheurs, leurs malheurs, leurs rêves et cauchemars... Du pêcheur brésilien à la boutiquière chinoise, de l’artiste allemande à l’agriculteur afghan, tous ont répondu aux mêmes questions, cadrés en plan serré, dans de petites interviews de quelques minutes. "Je m'appelle Runa, j'ai 18 ans. Nous sommes deux enfants, mon frère et moi. Je suis à Dakha..."; "Je m'appelle Subrata KUmar Mandal. J'habite à Dakha. ma famille est composée de moi, ma femme et mon bébé. J'ai un bébé qui est né en juillet dernier. C'est une fille..." ; "Bonjour, je suis le médecin de notre village..."

"Lorsque je suis venu au monde, la Terre portait 2,5 milliards d'habitants. En l'espace d'une vie, la population mondiale sera presque multipliée par trois, note Yann Arthus Bertrand. Je suis persuadé que le grand défi de l'Homme est là aujourd'hui: que nous arrivions tous à vivre ensemble sans creuser davantage les écarts du développement."

Le projet tourne depuis trois ans sous forme d'expositions dans plusieurs pays (dernières en date: Bruxelles, Sao Paulo, San Sebastian et Moscou) et est relayé par des programmes courts ou des documentaires thématiques sur France 24 et RFI. Il s'inscrit également dans les Objetifs du Millénaire pour le développement, pilotés par les Nations unies dans seize pays à travers le globe.

Au final, des milliers de photomatons et de mots simples qui se télescopent, se mêlent et fusionnent en une myriade de points lumineux qui, tel un tableau impressionniste ou un écran, ne prennent leur sens qu'avec le recul. Pour restituer un visage: celui d'une humanité terriblement attachante, si différente et si semblable, si lointaine et si proche.