Un tribunal de Hô Chi Minh-Ville oblige un casino à verser 55 millions de dollars à un joueur américain lésé. Ce premier jugement confirme l'intérêt du Vietnam communiste pour le monde lucratif des jeux d'argent.
Ly Sam a touché une deuxième fois le gros lot, lundi 7 janvier, quand la cour de Hô Chi Minh-Ville, l'ex-Saïgon, a confirmé son gain de 55.542.291,70 dollars (42 millions d'euros), la somme qui s'était affichée sur la machine n°13 du casino de l'hôtel Sheraton sur laquelle il avait joué le 25 octobre 2009. Depuis plus de trois ans, ce sexagénaire américain d'origine vietnamienne se bat pour récupérer cet argent.
Ly Sam a expliqué au tribunal que le directeur du casino a d'abord refusé de valider son jackpot, que la compagnie Dai Duong, en charge du casino, a ensuite avancé un défaut de la machine n°13 et, enfin, que les gains aux jeux étaient plafonnés à 46.000 dollars au Vietnam. Ly Sam a présenté les témoignages de ses voisins de débauche, une photographie de la somme affichée sur la machine n°13 qui, a-t-il fait valoir, marchait parfaitement quand elle encaissait ses mises. À force de ténacité et après avoir tout de même dépensé plus de 52.000 dollars en frais de justice, il vient d'obtenir gain de cause. Mais la compagnie Dai Duong a fait appel.
Un accès réservé aux étrangersCette première décision d'un tribunal vietnamien dans une affaire de jeux d'argent souligne l'intérêt que le régime communiste porte désormais au monde des casinos, en pleine expansion en Asie. Le Vietnam ne compte que 4 casinos. Leur accès est réservé aux étrangers. L'Asie compte 186 casinos. La majorité sont implantés au Japon. Le Cambodge, voisin du Vietnam, a 14 casinos. Macao, l'ancienne colonie portugaise du sud de la Chine rendue à Pékin en 1999, est la première place au monde pour les jeux d'argent, ses casinos réalisant un chiffre d'affaires quatre à cinq fois supérieur à ceux de Las Vegas, grâce à l'afflux des parieurs chinois.
Alors qu'il vient d'enregistrer une croissance de 5,03 % en 2012, la plus basse depuis treize ans, le Vietnam, qui attire de plus en plus de touristes, lorgne avec envie l'argent s'écoulant dans les bandits manchots et sur les tapis verts. Le premier ministre Nguyën Tân Dung a chargé le ministère des Finances de réfléchir à une évolution de la législation vietnamienne dans ce domaine des jeux d'argent.
Régulariser et organiser ce secteur d'activités permettrait à l'État vietnamien de récupérer les sommes importantes qui irriguent les paris clandestins. C'est le principal argument mis en avant par les compagnies étrangères et les professionnels de ce secteur.
«La tendance générale est de développer les casinos à proximité des complexes hôteliers et des centres de villégiatures pour attirer les touristes», a récemment plaidé Nguyên Chi Dung, l'ancien vice-ministre du Plan et de l'Investissement et actuel président du Comité populaire de la province de Ninh Thuân (Centre). Selon lui, les quatre casinos du Vietnam ont généré de nombreux emplois et contribué à environ 75 millions d'euros de recettes.