13 HEURES DE RETARD : LE VOYAGE EN TRAIN QUI N’EN FINIT PAS[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] La SNCF va indemniser de façon exceptionnelle les voyageurs du train de nuit n°4295 partis de Strasbourg dimanche soir et arrivés à Port-Bou, à la frontière franco-espagnole, puis à Nice (Alpes-Maritimes) avec 14 heures de retard.
«C'est une avalanche d'incidents liés aux conditions climatiques et à des problèmes techniques», a reconnu un responsable marketing de la SNCF.
Un passager du train Strasbourg-Port-bou dénonce un voyage "inadmissible"
C'est peu dire que les six cents passagers se souviendront de leur voyage. Deux nuits et un jour de galère, alors que le voyage devait durer 12 heures et que l'arrivée à Nice était prévue à 8h30 lundi matin.
Première halte forcée : le train, parti avec -déjà- 1h30 de retard de Strasbourg dans la soirée de dimanche, s'est arrêté à Belfort pour changer de conducteur. Dans le train, les voyageurs ne sont pas informés que leur pilote a travaillé trois jours et que les normes de sécurité obligent de le remplacer. «On a alors fait venir un conducteur pour ce type de train depuis Lyon et il est arrivé à 6 heures du matin», selon la direction de la SNCF.
Pendant ce temps, on prend son mal en patience, dormant dans les couchettes ou sur les sièges inclinables. Les wagons sont heureusement chauffés mais la nuit est brève et chaotique, les forces de l'ordre doivent intervenir. «Deux ou trois passagers qui avaient bu ont été descendus du train par la police de Belfort, parce qu'ils importunaient leur entourage», a admis la direction.
Le train, attendu initialement le lundi vers 9 heures à Port-Bou, en Espagne, ne quitte Belfort qu'à 7h20... mais pour s'immobiliser un peu plus loin à Montbéliard, deux heures, le temps de dépanner un autorail en panne sur la voie à hauteur de Baume-les-Dames (Doubs). Ils nous disent: ++on est coincé, on attend++», raconte Ralph Lydi, furieux «de l'incompétence humaine de la SNCF».
Rien à manger, des toilettes inutilisablesTroisième halte : Tournus (Saône-et-Loire), à 13h45, pour plus de trois heures. «On avait fait 300 km en 17 heures, poursuit ce chiropracteur. Là, la mayonnaise a commencé à monter. Les gens ont commencé à s'échauffer, d'autant qu'ils ne nous disaient toujours rien». Histoire de calmer les esprits, un plateau-repas est servi. «Un plateau pour deux», grognaient les passagers arrivés à la gare Saint-Charles de Marseille, hier soir. «Froid et immangeable», pestent d'autres. «Pour caler une dent creuse», attaque encore Ralph Lydi, qui était accompagné de sa femme et de deux enfants de 8 et 11 ans.
Sans parler des toilettes, repoussantes de saleté à force d'être utilisées et pas nettoyées.
C'est à 18 heures que le train parvient à la gare de Lyon-Perrache, où le convoi a été séparé. Les voyageurs à destination du Languedoc-Roussillon (direction Port-Bou) sont acheminés en TGV jusqu'à Perpignan, où ils ont échoué à 22 heures, attendant un bus pour l'Espagne. Ceux qui vont à Nice montent dans un autre train. Qui les transporte... à Antibes. Ils y sont arrivés après minuit.
Après ce trajet digne des premiers tortillards, l'aventure se poursuivait pour certains. Ainsi Ralph Lydi et sa famille, espéraient-ils le taxi promis pour les amener à l'aéroport de Nice, où ils avaient garé leur voiture. Mais «aucun taxi à la gare», se désolait-il dans la nuit.
24 à 26 heures de calvaire
Une avocate au barreau de Montpellier (Hérault), qui se trouvait parmi les passagers, a décidé de constituer une association pour faire une action en justice contre la SNCF.
De son côté le syndicat SUD-Rail met en cause la politique de la SNCF. «La situation est vraiment révélatrice des économies que fait la SNCF sur la maintenance du matériel roulant, puisque c'est, semble-t-il, une motrice qui a fait défaut», a déclaré le secrétaire fédéral de SUD-Rail Julien Trocaz sur RTL.
Un retard sans commune mesure donc avec ceux constatés sur les TGV est-européens dont les arrivées étaient encore décalées de 30 minutes à 1h05 environ lundi.
La SNCF s'est engagée à indemniser les voyageurs, et à offrir, en plus, «un aller/retour gratuit supplémentaire à chacun des voyageurs». Qui, c'est sûr, vont s'empresser de repartir.